Un atelier pour penser à ses obsèques, tant qu’on est bien en vie!

Les obsèques, c’est souvent le dernier sujet sur lequel on a envie de se pencher… 
Les superstitieux redoutent qu’ils leur arrivent malheur à la simple évocation de leurs souhaits, les hédonistes préfèrent se concentrer sur l’instant présent (« de toute façon, je ne serai plus là pour voir ! »), les angoissés refusent catégoriquement d’y penser (« tu veux ma mort ou quoi ?! ». 

Des choix difficiles pour ceux qui restent
Pourtant, les témoignages que je recueille depuis quatre ans me laissent penser qu’en tant que vivant, on a une forme de responsabilité : préparer un tant soit peu son départ. D’abord, pour exprimer nos choix (ou non choix) et avoir des funérailles qui nous ressemblent mais aussi et surtout pour soulager nos proches lors de notre disparition. Beaucoup de familles que j’ai rencontré n’avaient reçu aucune instruction du défunt. En plus de leur chagrin, ils doivent alors faire des choix difficiles. Et pour certains, des années après, des questions (pesantes) demeurent… Leur proche souhaitait-il vraiment être inhumé ? Aurait-il validé le choix de ce cimetière ? (…) Autant de doutes qui ne seront jamais levés. San compter les frictions que ces zones d’ombre peuvent faire émerger au sein des familles. Pompes funèbres et notaires me le rapportent souvent : l’organisation des obsèques est aussi à l’origine de nombreux conflits familiaux…

Des ateliers pour aborder le sujet en toute simplicité
Voilà comment sont nés les ateliers « dernières volontés : je prépare mes obsèques ». Une heure et demi d’échange pour aborder le sujet sans tabou, délivrer des informations essentielles sur l’étendue des possibles, la loi, et faire germer une réflexion sur cette étape ultime. Rendre la mort moins tabou et aider à l’appréhender plus sereinement, c’est une des missions de Happy End.
 
« Quand il s’agit de se faire enterrer, on manque cruellement d’originalité en France !»

Nous étions sept lors du dernier atelier. Confinement oblige, il a eu lieu par écran interposé. Cinq femmes et un homme ont répondu présents. Alix, fraîche quarantenaire, n’a pas très envie de se projeter dans sa propre mort, et a d’ailleurs longuement hésité avant de s’inscrire. « J’ai deux fils et je suis séparée du papa, alors je veux anticiper pour les épargner », avoue-t-elle. Philippe, célibataire sans enfant, a déjà constitué un « dossier spécial décès » qu’il met en évidence sur sa table avant chaque départ en vacances. Il regrette le conformisme ambiant en matière de funérailles. « Il nous faudrait des coachs funéraires pour sortir un peu du cadre ! On organise bien des mariages à thèmes, pourquoi est-on si traditionnels dès qu’il s’agit d’enterrement ? », s’interroge-t-il. Ça tombe bien, je suis là pour accueillir des vœux inavoués et faire germer de nouvelles idées. 

« Une croisière entre amis pour marquer mon départ »
Sur l’écran, je fais apparaître des mots pour nourrir la réflexion des participants. « Être veillée par mes proches », « une cérémonie en extérieur », « un don plutôt que des fleurs », « des funérailles écologiques », « une urne en particulier ». Puis, après quelques minutes, je les invite à s’exprimer. Violette, 73 ans, vient d’avoir une idée. « J’aimerais bien que mes cendres soient disposées dans l’urne qui a servi à celle de mon mari et de ma belle-mère. L’idée de ce recyclage familial me plaît bien et c’est écolo ». Catherine, 70 ans, rebondit : « J’ai toujours rêvé que mes amis organisent une croisière sur les Iles Chausey et fassent la fête en ma mémoire. Mais j’ai peur de les embêter ! ». Krystell, 45 ans, trouve l’idée très chouette et l’encourage vivement à planifier cette fête posthume. Les participants sont unanimes : ils optent tous pour la crémation ! De là à savoir où finiront leurs cendres…. Sur le sujet, les questions fusent. Où peut-on les disperser ? Dans une rivière, c’est autorisé ? Après avoir rappelé la législation funéraire, Catherine soulève une question plus existentielle. Avoir un lieu pour se recueillir aide -t-il dans son chemin de deuil ? Deux participants partagent leur vécu. 

« Mais où laisser ces instructions ? »
Philippe, prévoyant, a une longueur d’avance sur les autres participantes. Sa cérémonie d’obsèques, il l’a déjà pensé et rédigé ses souhaits. Mais une inquiétude demeure. « Où laisser ces instructions pour qu’elles soient prises en compte par mes proches ? » Je l’informe de la possibilité de les enregistrer chez un notaire pour la somme modique de 70 €, mais le mieux reste de les glisser dans un dossier en lieu sûr et d’en informer une personne de confiance pour leur permettre d’agir avant l’ouverture du dossier de succession. Au terme de cette heure et demi de « brainstorming mortel », chacun a pu livrer ses interrogations et éclaircir certaines zones d’ombre sur un sujet trop souvent passé sous silence. 

Mission réussie : quelques déclics et un esprit plus serein !
Le lendemain, Suzy, l’une des participantes me confie avoir eu un déclic pendant l’atelier. Maman de quatre enfants, dont un décédé à l’âge de six mois, tient absolument qu’il ne soit pas oublié le jour de ses obsèques. « Mes enfants feront ce qu’ils souhaitent ce jour-là. Je tiens à les laisser libres d’organiser ma cérémonie à leur guise mais s’ils prennent la parole, j’ai réalisé qu’il était important qu’ils mentionnent Guillaume. C’est très important pour moi… ». Cet atelier lui aura permis de verbaliser un souhait intime et de l’écrire noir sur blanc.  « J’ai souvent pensé rédiger ce fameux document mais je n’étais jamais passée à l’action. Cette fois-ci, je me sens prête à franchir le pas. » Mission réussie.   

Retrouvez les propositions d'ateliers "dernières volonté" dans notre rubrique événements.

Pour découvrir les accompagnements de Sarah Dumont, voici le lien vers la brochure

Lien vers le site HappyEnd et si on vivait en paix avec la mort?
 

Auteur : Sarah Dumont

Source : HappyEnd