" Alimentation & nutrition face au cancer, faisons le point ! " - replay & points clés de la webconférence LinK du 2 07 2024

« Alimentation et nutrition face au cancer »

Manger est un des plaisirs de la vie. Mais lorsque l’on est atteint de cancer, s’alimenter peut devenir un véritable problème. Nausées, dégoût de la nourriture, diarrhées, sont autant de difficultés pouvant conduire à la dénutrition. De plus, certains aliments interagissent avec les traitements anticancéreux. Alors que faire si l’on perd du poids ? Muriel Richl, cadre diététicienne, et Véronique Pelagatti, pharmacienne, qui travaillent toutes deux à l’oncopole de Toulouse, donnent des conseils pratiques lors d’une webconférence organisée par Patients en réseau. Mika, patient co-responsable de Mon réseau cancer du poumon, témoigne de son parcours et insiste sur la nécessité d’un suivi personnalisé au niveau diététique.

« J’avais perdu 25 kilos sur plusieurs années, jusqu’à perdre 10 kilos en un mois, raconte Mika. A ce moment-là je me suis inquiété, et des examens ont révélé un cancer du poumon métastasé. J’ai alors été hospitalisé un mois et demi pour dénutrition sévère. J’ai pu bénéficier de l’aide d’une diététicienne, qui venait me voir chaque jour pour faire un bilan de mes repas. Je n’arrivais plus à m’alimenter et j’avais un profond dégoût pour la nourriture. Plus les médecins et mon entourage me mettaient la pression, et plus le fait de s’alimenter devenait une épreuve. La diététicienne m’a conseillé des compléments nutritionnels hyperprotéinés, de différents goûts et de différentes textures. Elle m’a donné des astuces, comme celles d’enrichir ma soupe avec de la crème, de manger des purées avec de l’huile d’olive ou du beurre, et de faire de nombreux grignotages dans la journée. J’ai compris grâce à elle, l’importance des protéines durant cette période. Surtout, je ne me sentais pas seul face à ce problème d’alimentation ». 

Ce témoignage illustre bien l’importance de l’accompagnement diététique des patients atteints de cancer et cette webconférence est l’occasion de donner de nombreux conseils. Mais commençons par une définition.

Qu’est-ce que la dénutrition ?

Si la perte de poids peut être volontaire ou involontaire, la dénutrition, elle, est involontaire. Elle est liée à la maladie et à ses traitements, et correspond à une perte de poids :

  • d’au moins 5% sur un mois 
  • ou d’au moins 10% sur 6 mois

Que faire si je perds du poids ?

Tout d’abord, Il est important de vous peser chaque semaine pour évaluer votre perte de poids et le signaler à l’équipe médicale. Il est alors conseillé de demander un rendez-vous à un diététicien ou à un médecin nutritionniste

Si l’établissement dans lequel vous êtes pris en charge ne propose pas ce type de consultation, vous pouvez vous orienter vers : 

Les conseil pratiques : 

  • Fractionner ses repas et grignoter
    • Faire plusieurs repas ou collations par jour
    • Manger des petits volumes
    • Penser aux préparations du commerce

 (pour éviter les odeurs de cuisine car les traitements anticancéreux entraînent souvent une hyperolfaction)

  • Enrichir son alimentation 
    • En protéines et en calories (glucides et lipides)
  • Ecouter ses préférences
    • Surtout en cas de nausées et de troubles du goût
    • Si vous êtes dégoûté par la viande rouge et le poisson, remplacezles par des œufs et du fromage par exemple
    • Privilégier les plats froids qui sont moins odorants

Et pour des recettes simples, faciles et enrichies, le site Vite fait bienfaits peut être utile.

  • Consommer des compléments alimentaires
    • Varier les types et les parfums (il existe des soupes, des crèmes, des compotes, des biscuits)
  • S’hydrater
    • Boire au moins 1 litre et demi par jour, voir 2 litres s’il fait très chaud (sans compter l’eau des aliments)

On conseille pour cela de fractionner sa consommation, d’aromatiser ses boissons avec des sirops de fruit ou des infusions, et d’emporter une gourde ou une bouteille avec soi.

S’hydrater est d’autant plus important en cas de diarrhées. Mais il est par ailleurs inutile de consommer des aliments pauvres en fibres et en résidus, car les diarrhées sont dues aux traitements du cancer.

Quelles interactions entre les aliments et les traitements anticancéreux ?

  • Les risques d’interactions sont très faibles si votre alimentation est variée
  • Attention cependant au pamplemousse, qui peut augmenter les risques d’effets indésirables de certains médicaments.
  • Le curcuma consommé en grande quantité sous forme de complément alimentaire peut être toxique pour le foie.
  • Le thé, noir ou vert, doit être bu en quantité modérée et deux heures après la prise des médicaments.
  • Soyez vigilants si vous achetez des compléments alimentaires en grande surface, en vérifiant leur qualité et leur provenance.

La bonne nouvelle, c’est donc que l’on peut manger de tout. Et si vous avez des difficultés pour vous alimenter, écoutez vos envies. L’équilibre alimentaire parfait sera pour plus tard ! 

Article rédigé par Sandrine Chauvard suite à la webconférence du 2 juillet 2024

Retrouvez le replay de notre webconférence pour répondre à toutes ces questions avec nos invités : 

  • Témoignage d'un patient : Michael WINGLER co-responsable de Mon Réseau Cancer du Poumon
  • Mme Muriel Richl , Cadre diététicienne Département des Soins de Support - Institut Universitaire du Cancer Toulouse - Oncopole

- pourquoi les conseils pour les « biens portants » et « les patients touchés par un cancer » sont différents?
- que faire si je prends du poids avec un traitement ? (hormonothérapie, certaines thérapies ciblées)
- que faire si je perds du poids ? qu'est-ce que la dénutrition ? quels recommandations ? 

  • Dr Pelagatti Véronique, Pharmacien de CLCC - IUCT Oncopole

- traitements et aliments peuvent-ils interagir ? 
- que doit-on savoir ?
- quelles question poser et à qui s'adresser ?
- quels conseils pour l'été et importante de l'hydratation ? 

 

 

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Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis-moi Santé