« Cancer et nutrition : j’ai un cancer et j’ai pris du poids »
Dans notre imaginaire, le cancer est plutôt associé à une perte de poids. Or de nombreux traitements anticancéreux entraînent au contraire une prise de poids. Les malades sont souvent désemparés car ils n’ont pas été prévenus. Et une fois que les kilos s’accumulent, difficile de les perdre… Alors que faire en cas de prise de poids ? Faut-il suivre un régime ? Par qui être accompagné ? Muriel Richl, cadre diététicienne à l’Oncopole de Toulouse répond à toutes ces questions lors de cette webconférence organisée par Patients en réseau. Deux patientes témoignent également de leur parcours et de leurs difficultés.
« J’ai eu un cancer du sein il y a 4 ans. J’ai subi une mastectomie et reçu une chimiothérapie, de la radiothérapie et une hormonothérapie, raconte Toraya. J’ai alors pris 3 kg. Deux ans plus tard, j’ai développé des métastases osseuses et j’ai suivi une thérapie ciblée ainsi qu’une hormonothérapie. Et là, j’ai pris 8 kg. Moi qui ai toujours fait beaucoup de sport, je n’étais pas prête à prendre du poids. Je ne savais pas vers qui me tourner. Mon médecin traitant et mon oncologue ne m’apportaient pas de solutions. J’ai fait des jeûnes, et je me suis sentie très mal. Je n’arrive toujours pas à perdre du poids, malgré une alimentation équilibrée et de l’activité physique. J’ai rejoint Mon réseau cancer du sein (MRCS), qui me permet d’échanger avec d’autres patientes ».
Ce témoignage est loin d’être isolé. Leslie, qui est atteinte d’un cancer du poumon depuis 2016, a pris 20 kg : « J’ai reçu des thérapies ciblées, des corticoïdes, des chimiothérapies, de la radiothérapie et de l’hormonothérapie. Les traitements ont provoqué une ménopause précoce. Les kilos s’accumulent, car j’ai beaucoup de mal à m’arrêter de manger. Je consomme moins de viande et plus de légumes, mais cela ne change rien. J’ai même pris un chien, comme cela je suis obligée de marcher ! C’est compliqué car j’ai aussi envie de profiter de la vie et des plaisirs culinaires. C’est vraiment important de prévenir les patients atteints de cancer, car la prise de poids arrive très vite ! ».
Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de Patients en réseau, observe que cette problématique se retrouve dans les 4 réseaux de l’association. Selon Muriel Richl, la prise de poids concerne une femme sur deux atteintes d’un cancer du sein : « Le gain est en moyenne de 3 kg, et de 5 kg ou plus pour un tiers des patientes », précise la diététicienne.
Quelles sont les causes de cette prise de poids ?
Plusieurs facteurs peuvent en être responsables :
Que faire en cas de prise de poids ?
« Le premier conseil que je donnerai est de se faire accompagner, insiste Muriel Richl. Souvent, on connaît les conseils théoriques, mais le plus difficile est de les appliquer, surtout dans une période de grande vulnérabilité ».
Alors se faire accompagner, oui, mais par qui ? « Les établissements de santé, tels que les centres de lutte contre le cancer, n’ont pas les ressources nécessaires pour cet accompagnement, indique la diététicienne. Il existe des initiatives locales financées par des associations, comme Etincelle à Toulouse, mais qui ne sont pas présentes sur tout le territoire ».
Voici trois organisations auxquelles s’adresser :
Il regroupe 422 diététiciens libéraux, qui s’engagent à se former à la cancérologie, à tenir un discours validé par les sociétés savantes, et à respecter un tarif de consultation de 45 euros.
Elle propose des consultations individuelles avec une diététicienne, ou des ateliers culinaires de groupe. Il suffit pour cela de payer une cotisation annuelle de 8 à 10 euros.
Retrouvez le comité près de chez vous dans notre annuaire, ou cliquez vers sur ce lien
Il permet à des patients en ALD (affection de longue durée), après l’arrêt des traitements du cancer, de voir un diététicien, et/ou un éducateur en activité physique adaptée, et/ou un psychologue. Le montant maximal pris en charge pour ces consultations est de 180 euros.
Une prescription du médecin est nécessaire (modèle d’ordonnance sur le site de l’ARS), et il faut ensuite identifier la structure de soin la plus proche qui propose ce parcours (en allant également sur le site de l’ARS).
Retrouver son ARS en cliquant ici
Quelles erreurs à éviter ?
Enfin, Muriel Richl conseille le site Manger Bouger. Il propose :
Alors à vos fourneaux, pour une cuisine variée et équilibrée ! retrouvez le site en cliquant ici
Retrouvez le replay de notre webconférence Link du 16 octobre 2024 avec nos invités :
LinK un programme proposé par notre association Patients en réseau Dis-Moi Santé .
LinK est rendu possible par le soutien institutionnel de Gilead, Lilly, Pfizer, Takeda
Auteur : Sandrine Chauvard
Source : Patients en réseau et Dis-moi Santé