« Cancer colorectal : vie intime et sexualité, parlons-en ! »
C’est un sujet encore tabou, que n’osent aborder ni les patients, ni les professionnels de santé. Pourtant, près de la moitié des personnes atteintes de cancer colorectal voient leur vie sexuelle très fortement impactée par la maladie et ses traitements, selon une enquête menée à l’initiative de Colette Casimir, patiente experte et coresponsable de Mon Réseau Cancer Colorectal. C’est pourquoi Patients en réseau a organisé une webconférence avec le Dr Arnaud Zeler, sexologue à Sallanches, et Alice Piat, sexothérapeute à Sète, à l’occasion de mars bleu, mois de sensibilisation aux cancers colorectaux.
Ensemble, brisons le silence et les tabous !
Angoisse, fatigue, douleur, ce trio n’est pas vraiment propice à booster la libido… Et ces symptômes, tous les patients atteints de cancer colorectal les vivent, avec des conséquences dramatiques sur leur vie sexuelle. Ainsi, leur envie de faire l’amour et leur capacité à ressentir du plaisir et de l’excitation baisse de près de moitié selon une enquête menée par Patients en réseau auprès de plus de 100 malades. Leurs pratiques sexuelles changent : moins de caresse (81% avant la maladie, 31% après), moins de pénétration (97% vs 43%), moins de sexe oral(69% vs 25%) et moins de masturbation en solo (63% vs 31%).
Un manque cruel d’information
Pourtant, pour plus de la moitié des patients, aucun soignant ne les a informés de ces impacts. « Seuls 15% d’entre eux ont bénéficié de soins de support et 3% d’une consultation de sexothérapie, ce qui est vraiment très faible, souligne Colette Casimir. Le cancer est une maladie dont on peut mourir, alors c’est comme si cela ne se faisait pas de parler de sexualité, comme si c’était très secondaire, alors que ça ne l’est pas du tout ! ».
Les femmes sont notamment moins bien loties que les hommes. En effet, 60% des femmes n’avaient reçu aucune information, contre 28% des hommes. L’enquête montre qu’elles ont plus de difficultés à parler de sexualité et que les professionnels de santé abordent plus facilement ce sujet avec les hommes.
Différents types de difficultés sexuelles
Pour le Dr Arnaud Zeler, il est d’abord important de comprendre quels sont les différents degrés de problèmes sexuels : « Le premier niveau concerne les appréhensions et les inquiétudes. Déjà, à ce stade, il ne faut pas hésiter à poser des questions aux professionnels qui vous prennent en charge. Le deuxième niveau sont les difficultés : douleurs, pannes d’érection… Quand ces difficultés surviennent de façon récurrente, on parle de dysfonctions sexuelles, puis de troubles si elles entraînent un état de souffrance ».
Il est également utile de comprendre les causes des troubles, car les prises en charges sont différentes. Il existe 3 types de troubles :
A qui s’adresser en cas de problèmes sexuels ?
Les troubles primaires et secondaires ont des causes organiques et sont pris en charge par les professionnels de la santé physique (médecin, infirmier, stomathérapeute…). Les troubles tertiaires sont traités par des psychologues, des sexologues ou encore des conseillers conjugaux. « La prise en charge est multimodale et multidisciplinaire. Surtout, il est important de parler de ses troubles sexuels, car des solutions existent pour les améliorer », insiste le Dr Zeler.
Il n’est pas toujours facile de trouver un sexologue près de chez soi. Vous pouvez demander conseil à votre oncologue, car la prise en charge des troubles sexuels faisant partie des soins de support, il existe peut-être des consultations dans votre établissement de santé. Vous pouvez également demander à votre généraliste ou chercher les associations de sexologues dans les annuaires professionnels, comme l’AIUS (Association Interdisciplinaire Universitaire de Sexologie), le SNMS (Syndicat National des Médecins Sexologues), le SNSC (Syndicat National des Sexologues Cliniciens) ou encore l’ASCLIF (Association des Sexologues Cliniciens Francophones).
Les sexothérapeutes et les thérapeutes de couples accompagnent également les patients. « Nous les aidons à retrouver des sensations positives, une estime de soi et une complicité avec leur partenaire, explique Alice Piat. Il faut recréer une sexualité, qui ne passe pas toujours par la pénétration, mais qui fait appel aux fantasmes, à l’érotisme, la sensualité et la tendresse ».
Plus les difficultés sont prises en charge précocement, et plus il est facile de les régler, alors libérez votre parole et faites-vous aider le plus tôt possible !
A noter : l'équipe de MRCCR propose des rencontres autour de la sexualité, rejoignez-nous !
Retrouvez notre webconférence du 19 mars 2024 "Cancer colorectal : Vie intime et sexualité, parlons-en ! " avec nos invités :
Ce programme proposé par notre association Patients en réseau et Dis-moi Santé
Ce programme a été rendu possible par le soutien institutionnel de Bristol Meyrs Squib, Norgine, Pierre Fabre, Merck et Servier
Article rédigé par Sandrine Chauvard, suite à une webconférence organisée par Patients en réseau le 19 mars 2024
Auteur : Sandrine Chauvard
Source : Patients en réseau et Dis moi Santé